Bitcoin est souvent salué pour sa grande sécurité, mais vous avez peut-être déjà entendu parler du terme « attaque à 51 % » — un scénario dans lequel une entité pourrait théoriquement prendre le contrôle du réseau Bitcoin. Dans ce guide, nous allons expliquer ce qu’est une attaque à 51 %, comment elle fonctionne, et si Bitcoin pourrait un jour être vulnérable à ce type de piratage. Nous examinerons aussi des exemples réels sur d’autres cryptomonnaies et discuterons des raisons pour lesquelles Bitcoin est resté sûr jusqu’à présent. En septembre 2025, Bitcoin a-t-il déjà subi une attaque à 51 % ? Que faudrait-il pour qu’une telle attaque ait lieu ? Lisez la suite pour obtenir des réponses simples et claires.
Qu’est-ce qu’une attaque à 51 % ?
Une attaque à 51 %, parfois appelée « attaque majoritaire », cible une blockchain lorsqu’un acteur malveillant (ou un groupe) parvient à contrôler plus de 50 % de la puissance de calcul du réseau (le hashrate). En contrôlant la majorité de la puissance de calcul, l’attaquant peut alors dominer le processus d’ajout de nouveaux blocs à la blockchain. Ce contrôle permet de :
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Dépenser deux fois les mêmes coins (double spending) : L’attaquant peut dépenser des coins, puis secrètement construire une version alternative de la blockchain dans laquelle ces transactions n’existent pas, ce qui revient à dépenser les mêmes coins deux fois. C’est la motivation principale d’une telle attaque : falsifier les transactions pour un bénéfice financier.
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Bloquer ou inverser des transactions : Avec la majorité de la puissance, l’attaquant peut empêcher la confirmation des blocs des autres mineurs, ou réécrire des blocs récents. Il peut ainsi empêcher l’inclusion de certaines transactions ou en modifier l’ordre.
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Contrôle sur l’ajout des blocs : L’attaquant peut miner des blocs plus vite que le reste du réseau, engrangeant la plupart des récompenses de blocs et des frais, et imposer la « vraie » chaîne (puisque dans Bitcoin, la chaîne la plus longue devient la référence selon le consensus).
Toutefois, il est important de souligner ce qu’une attaque à 51 % ne permet pas : les attaquants ne peuvent pas voler directement les coins des wallets (ils ne peuvent affecter que les transactions en cours). Ils ne peuvent pas non plus changer les règles du protocole (ils ne peuvent, par exemple, créer de nouvelles unités de Bitcoin au-delà du plafond prévu) — ces règles sont appliquées par les nœuds du réseau et la cryptographie. L’impact majeur d’une attaque à 51 % concerne donc l’historique des transactions et la confiance dans le registre.
En résumé, une attaque à 51 % compromet l’intégrité du registre de la blockchain en permettant à un acteur malveillant d’outrepasser temporairement le consensus. C’est un peu comme si quelqu’un pouvait réécrire le dernier chapitre d’un livre d’histoire collectif, simplement parce qu’il détient plus de la moitié des droits d’édition.
Comment fonctionnerait une attaque à 51 % sur Bitcoin ?
Pour mener une attaque à 51 % sur Bitcoin, l’attaquant devrait contrôler plus de la moitié de la puissance de hachage du réseau, qui est sécurisée par le Proof-of-Work (PoW). Voici comment un tel scénario pourrait se dérouler :
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Acquérir la majorité du hashrate : L’attaquant doit rassembler plus de 50 % du hashrate Bitcoin qui, en 2025, se situe dans l’ordre de plusieurs centaines d’exahashes par seconde (EH/s). Un investissement massif en matériel de minage ou la prise de contrôle de pools existants serait nécessaire.
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Miner une chaîne secrète : Avec la majorité, l’attaquant peut miner secrètement des blocs et générer deux versions de la blockchain : une publique (avec leurs transactions) et une cachée (sans).
3. Dépasser la chaîne honnête : En minant plus rapidement que la chaîne honnête, l’attaquant peut créer une version plus longue de la blockchain, qui sera alors considérée comme « valide » par les règles de Bitcoin.
4. Dévoiler la chaîne malveillante : Une fois cette chaîne plus longue prête, l’attaquant la diffuse, forçant les nœuds honnêtes à basculer vers celle-ci. Cela réorganise les transactions passées et permet des doubles dépenses.
5. Conséquences : Les victimes constatent que leurs transactions n’ont jamais existé sur la chaîne principale, permettant à l’attaquant de garder à la fois les coins et les biens reçus.
Bien que ce mécanisme soit alarmant, réussir une attaque à 51 % sur Bitcoin est aujourd’hui extrêmement irréaliste en raison de :
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Exigence d’un hashrate colossal : Obtenir 204 EH/s demanderait des milliards de dollars d’infrastructures de minage et une consommation électrique gigantesque.
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Défis logistiques : Acquérir, centraliser et faire fonctionner des milliers de machines serait très visible et difficile à camoufler.
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Défense communautaire : Le réseau Bitcoin surveille activement la répartition du hashrate et dispose de mesures d’urgence, comme des propositions de mises à jour rapides si besoin.
En définitive, même une attaque de courte durée entamerait gravement la confiance dans Bitcoin.
Explication d’une attaque à 51 %
Bitcoin a-t-il déjà subi une attaque à 51 % ?
Bitcoin n’a jamais subi de véritable attaque à 51 % dans son histoire. Depuis son lancement en 2009, son réseau est devenu si robuste qu’aucun acteur n’a pu, même brièvement, détenir la majorité de sa puissance de calcul. Quelques signaux d’alerte ont cependant marqué le passé :
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Incident GHash.io (2014) : GHash.io était un pool de minage qui a, en 2014, atteint environ 50 % du hashrate du réseau. Il ne s’agissait pas d’une attaque malveillante, mais simplement d’un pool très populaire (récompenses attractives et 0 % de frais). Lorsque la communauté a vu ce pool frôler la majorité, l’alerte a été donnée concernant le risque théorique d’attaque à 51 %. Suite à la mobilisation, GHash.io a promis de ne plus dépasser 40 % et a encouragé les mineurs à rejoindre d’autres pools pour décentraliser le hashrate. Preuve de l'engagement de la communauté à éviter toute concentration. Finalement, GHash.io a perdu sa position dominante (et n’existe plus aujourd’hui). Cet épisode reste un cas d’école du refus de la centralisation dans la culture Bitcoin.
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Foundry USA & AntPool (2025) : Mi-2025, Foundry USA et AntPool — deux des plus grands pools de mining — ont brièvement cumulé plus de 50 % du hashrate mondial. Il s’agissait d’un cumul statistique (30 % Foundry, 20 % AntPool, environ), pas d’un acteur unique — mais cela a relancé la question du risque de centralisation. Ces deux pools sont toutefois indépendants et composés de milliers de mineurs individuels chacun. La probabilité de collusion pour attaquer le réseau est donc extrêmement faible : cela impliquerait que de nombreux participants acceptent d’agir contre leurs propres intérêts (détruire la confiance ferait chuter le prix, ce qui lèserait leurs opérations). Après débat, le risque s’est atténué avec un rééquilibrage du hashrate vers des pools plus petits. Cet incident a donc surtout renforcé la vigilance, sans constituer une attaque réelle — simplement une concentration scrutée de près.
Exception faite de ces épisodes, Bitcoin est resté sécurisé. L’ampleur du réseau de minage a jusqu’ici protégé la blockchain de toute prise de contrôle à 51 %.
Il est cependant important de mentionner que d’autres cryptomonnaies ont été victimes d’attaques à 51 %, en particulier celles ayant des réseaux plus petits :
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Ethereum Classic (ETC) : Cette déclinaison de Ethereum (toujours en PoW) a subi plusieurs attaques à 51 % en 2019 et 2020. Les attaquants ont pu réorganiser la chaîne et pratiquer la double dépense, causant des pertes aux exchanges. Le hashrate d’ETC était suffisamment bas pour que des attaquants « louent » de la puissance de minage à moindres frais (via des services comme NiceHash) et surpassent ponctuellement le réseau.
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Bitcoin Gold (BTG) : Issue d’un fork de Bitcoin, BTG a été attaquée en 2018 puis en 2020. Les doubles dépenses ont exploité le faible hashrate de la chaîne (BTG utilise un algorithme de minage différent de Bitcoin, mais la sécurité reste insuffisante sans forte participation).
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Autres altcoins : Des dizaines de coins PoW moins connus ont subi de telles attaques lorsque leur hashrate était trop faible. Toute coin PoW est théoriquement vulnérable si le coût pour acquérir la majorité est trop bas. Certaines communautés ont réagi en changeant d’algorithme de minage ou en adoptant le Proof-of-Stake (ces attaques concernent principalement le PoW).
Ces exemples montrent que les attaques à 51 % sont une menace réelle pour les petits réseaux. Les attaquants peuvent même recourir au minage cloud ou à la location de puissance pour éviter d’acheter du matériel — il suffit de quelques heures pour dominer un réseau vulnérable et faire du profit via la double dépense. Pour Bitcoin, cependant, il n’est tout simplement pas possible de louer suffisamment de hashrate — il n’en existe pas assez disponible — pour menacer le réseau. Selon plusieurs estimations, maintenir une attaque à 51 % sur Bitcoin coûterait plusieurs millions de dollars par heure rien qu’en électricité et frais de location — un coût prohibitif. À l’opposé, attaquer une petite blockchain peut parfois ne coûter que quelques milliers de dollars.
Attaque à 51 % sur Ethereum Classic (source)
Pourquoi une attaque à 51 % est peu probable sur Bitcoin (en 2025)
Plusieurs facteurs-clés expliquent la robustesse de Bitcoin face aux attaques à 51 % en 2025 :
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Hashrate colossal : Le hashrate de Bitcoin atteint des niveaux records en 2025. La puissance de calcul du réseau n’a fait qu’augmenter avec l’amélioration de la technologie de minage (ASICs plus efficaces) et l’arrivée de nouveaux participants. Plus le hashrate est élevé, plus le réseau est sécurisé — puisqu’acquérir la majorité nécessite alors des ressources exponentielles. Aucun autre crypto PoW n’arrive à une telle échelle. Toute entité cherchant à concentrer autant de puissance serait immédiatement repérée.
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Écosystème de minage décentralisé : Le minage est plus décentralisé qu’il n’y paraît à travers les statistiques de pools. Les pools agrègent certes beaucoup de hashrate, mais ils ne sont pas des mineurs uniques — ce sont des grappes d’individus. Si un opérateur de pool tentait d’utiliser le hashrate des membres pour une attaque, ceux-ci le remarqueraient vite (blocs retenus, anomalies dans les paiements…) et pourraient changer de pool en quelques minutes. Cela agit comme un garde-fou naturel. Par ailleurs, l’intérêt économique d’un opérateur de pool est la pérennité de son activité honnête, pas la destruction du réseau.
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Incitations économiques : Les mineurs investissent massivement dans du matériel et sont rémunérés en Bitcoin. Lancer une attaque ferait mécaniquement chuter la valeur du BTC (si double spend avéré, perte de confiance, prix en chute…), sapant leur propre investissement. Il est donc rationnel pour un mineur de rester honnête, car la rentabilité long terme surpasse les profits courts d’une attaque destructrice. Hors scénarios extrêmes (motivation politique ou sabotage), même un attaquant malveillant affronterait des barrières techniques et économiques immenses.
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Vigilance communautaire et des développeurs : La communauté Bitcoin est très attentive à tout signe de centralisation du hashrate. Comme on l’a vu dans le passé, si un acteur s’approche de la majorité, des contre-mesures émergent : alerte, solutions techniques, voire débat sur un changement d’algorithme PoW en dernier recours (scénario extrême et controversé). Bitcoin n’est pas une cible figée — son écosystème d’utilisateurs, de mineurs et de développeurs peut organiser la résistance.
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Mécanismes de protection supplémentaires : Si le proof-of-work est une barrière de puissance brute, Bitcoin prévoit aussi des limites contre les réorganisations profondes. Par défaut, un nœud Bitcoin ne réorganisera pas la chaîne au-delà de 100 blocs, même si une chaîne plus longue apparaît. De plus, la « finalité » d’une transaction augmente au fil des confirmations, ce qui limite fortement l’impact d’une attaque à quelques blocs tout au plus — une réorganisation massive donnerait le temps à chacun de réagir, ou serait directement rejetée par le réseau.
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Le facteur coût : Quelques chiffres pour illustrer. Supposons qu’un attaquant veuille maintenir une attaque à 51 % pendant une heure. Bitcoin consomme environ 130 térawattheures par an (chiffres début 2020s), soit une moyenne de 15 gigawatts. Contrôler la moitié pour une heure : 7,5 GWh. Même avec un coût industriel bas (0,05 $/kWh), l’énergie nécessaire monte à 375 000 $ de facture horaire. En ajoutant le coût d’achat ou de location de matériel, la facture grimpe à plusieurs milliards de dollars d’investissement initial, avec des dépenses opérationnelles de plusieurs millions par jour. Cela pour profiter d’une double dépense valant bien souvent moins que l’attaque elle-même — un non-sens économique.
Au-delà de l’attaque à 51 % : autres enjeux de sécurité
On concentre souvent la question « Peut-on hacker Bitcoin ? » sur l’attaque à 51 %, point faible théorique du PoW. Mais la sécurité de Bitcoin repose aussi sur d’autres points :
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Vulnérabilités logicielles : Un hacker pourrait-il exploiter un bug logiciel pour une attaque plus « facile » qu'un 51 % ? Le core de Bitcoin est open source et audité, mais aucun logiciel n’est parfait. En 2018, par exemple, la faille CVE-2018-17144 aurait pu permettre de crasher des nœuds voire d’inflationner la masse monétaire s’il n’avait été corrigé à temps. La communauté et les devs restent hyper-vigilants et corrigent rapidement. Jusqu’ici, aucune faille n’a causé de catastrophe système à l’échelle du protocole, mais c’est un autre angle « hacking » à surveiller.
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Menace du quantique : On entend souvent que l’ordinateur quantique pourrait « casser » Bitcoin. Le risque ici concerne la cryptographie (courbe elliptique) protégeant les adresses Bitcoin ; un ordinateur quantique pourrait, à terme, casser ces signatures et voler des coins si le protocole n’est pas mis à jour. En 2025, on est très loin de ce stade. Et la communauté travaille d’ores et déjà sur des solutions crypto-résistantes au quantique. Ce n’est pas une attaque à 51 %, mais un sujet souvent discuté sur la sécurité : pas de risque immédiat, et le temps de s’adapter si besoin.
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Attaques sociales et centralisation : L’attaque à 51 % relève de la puissance brute. Mais « pirater » Bitcoin peut aussi passer par des moyens plus indirects : réglementations extrêmes sur les mineurs, collusions entre grands pools pour modifier le protocole… La vraie force de Bitcoin est son consensus décentralisé parmi utilisateurs, nœuds et mineurs. Diversifier les mineurs, les régions et les parties prenantes est essentiel. L’épisode de la concentration à ~51 % des pools en 2025 en a apporté la preuve — le dialogue communautaire et les incitations économiques ont suffi à désamorcer le risque. Cela rappelle que le facteur humain (gouvernance, théorie des jeux économiques) compte autant que la mathématique du hashrate.
Risques d’une attaque à 51 % (source)
Conclusion : la sécurité de Bitcoin en 2025
La blockchain Bitcoin s’est montrée remarquablement solide au fil des ans. L’attaque à 51 % demeure une menace théorique : elle n’a jamais été constatée sur Bitcoin. L’immensité du hashrate réseau et l’alignement des intérêts économiques rendent cette attaque hautement improbable, avec la technologie et l’économie actuelle. Peut-on pirater Bitcoin via 51 % ? En théorie oui, mais dans les faits non — sauf à disposer de ressources colossales et à agir contre ses propres intérêts.
Pour les utilisateurs et investisseurs, on peut dire que « Bitcoin n’est pas hackable » en ce sens que sa cryptographie et son consensus réseau restent inviolés. Une transaction Bitcoin avec plusieurs confirmations est considérée comme définitive. Le risque de réorganisation malicieuse de la chaîne (attaque à 51 %) est tellement faible, surtout à mesure que les confirmations s’accumulent, qu’il est nul pour la quasi-totalité des usages (et même pour les transactions de très fort volume, d’autres risques comme la sécurité d’exchange ou l’erreur utilisateur sont bien plus critiques).
Cela dit, la vigilance communautaire reste de mise. La leçon des petites blockchains : il est vital d’assurer la décentralisation, d’encourager l’arrivée de nouveaux mineurs et de ne jamais laisser la sécurité dépendre d’un point unique. D’où le soutien à l’essor du minage à domicile ou, à défaut, la répartition géographique du hashrate.
En résumé, Bitcoin n’a jamais été victime d’une attaque à 51 % et s’avère aujourd’hui extrêmement résistant à ce scénario. En 2025, il demeure même l’un des réseaux informatiques les plus sûrs au monde. Aucun système n’est invulnérable à 100 %, mais toute entité voulant attaquer Bitcoin ferait face à des coûts et une opposition incroyables. Conçu avec soin et renforcé par plus d’une décennie de croissance, Bitcoin reste digne de confiance pour ses utilisateurs. Dormez tranquille, le réseau fait son travail — concentrez-vous surtout sur la sécurité de vos propres wallets et de vos clés privées, qui constituent un point de vulnérabilité bien plus courant que la blockchain elle-même.